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Un partenariat indispensable

La relation soignant-soigné est une relation bien particulière. C'est pourtant dans le cadre de cette relation que s'inscrit le plus souvent l'éducation du patient.

Qu'est ce qui rend cette relation si particulière et comment développer un climat favorable à l'éducation du patient ?

Marie : « Le gynécologue a un rôle important. J'avais changé de gynécologue car celui de ma première grossesse ne m'avait pas satisfaite. Pas au point de vue technique, mais au point de vue relationnel, il était très froid et peu rassurant....Pour la deuxième (grossesse), on est tombé sur une dame très gentille, ... Le fait d'avoir été suivie par une gynéco qui expliquait bien, cela a, à mon avis, eu un effet sur la manière dont j'ai vécu ma grossesse. C'est primordial d'avoir quelqu'un qui écoute et qui donne les réponses adéquates. »
( témoignage tiré d'interviews menés il y a quelques années auprès de jeunes mères

La relation soignant-soigné est donc complexe :

  • Les attentes des patients dépassent les aspects techniques et médicaux : demande d'écoute, d'information, de chaleur, d'être rassurant ;
  • Ce qui se passe dans la relation entre les personnes est très important ;
  • La relation influence la qualité de vie ;
  • La perception que l'un et l'autre en ont est parfois très différente ;
  • ...

Qu'est ce qu'une relation ?

C'est une interaction entre 2 ou plusieurs personnes qui ont des émotions, des désirs, des autonomies, des subjectivités différentes.
Il existe de nombreux types de relations en fonction des liens unissant les personnes et des objectifs poursuivis :

  • Relations familiales
  • Relations amoureuses
  • Relations professionnelles

Ou en fonction du degré de proximité des 2 personnes :

  • Relations égalitaires
  • Relations hiérarchisées

La relation est donc le résultat d'une construction à laquelle chacun contribue avec ses caractéristiques d'homme, de femme, de culture, d'appartenance sociale, son expérience, son passé, etc. en manifestant des comportements et des attitudes.

Cette relation se joue dans un environnement matériel (temps, lieu, .) mais aussi culturel et social avec un certain nombre de normes, règles, valeurs, représentations.

Et qu'est-ce que la relation soignant-soigné ?

Szasz et Hollender ont décrit un modèle fonctionnel de la relation médecin-malade.

Les 3 types de conception de la relation se différencient selon l'axe activité-passivité entre les 2 personnes. Cet axe d'interaction se retrouve dans toutes les relations humaines et n'est pas spécifique à la relation soigant-soigné. Pour les auteurs, le prototype de toute relation humaine se situe dans la relation entre l'enfant et ses parents et les différents modèles peuvent être conçus comme une évolution de ce type.

Modèle fonctionnel de la relation médecin-malade selon Szasz et Hollender
  Médecin
Patient
Situation
Prototype
Type 1
Activité
Passivité
Urgence
Intervention chirurgicale
Mère-bébé
Type 2
Direction
Coopération
Maladies Aiguës
Parents-Enfants
Type 3
Participation mutuelle

Maladies Chroniques
Gératrie
Rééducation
Éducation du patient

Adulte-Adulte

1. Le type activité-passivité

Ce type ne décrit pas une véritable relation puisque à la limite, une personne réalise une action sur une autre dans des circonstances telles que cette dernière ne participe en rien à l'action.
Dans le domaine médical, le médecin est actif et le patient passif.
Les exemples les plus courants sont ceux des cas d'urgence médicale : coma, grands blessés, hémorragie.
Le prototype est celui de la relation de la mère et du nourrisson.
Le médecin est dans un contrôle absolu de la situation et exerce son activité sans la moindre restriction venant du patient.

2. Le type direction-coopération

Il correspond à la majorité des situations de la pratique médicale.
C'est celui que l'on rencontre dans toutes les situations qui sont moins critiques que celles évoquées plus haut et qui répondent à l'action curative des médecins, c'est-à-dire la majorité des maladies aiguës.
Le patient vient parce qu'il souffre ou présente un malaise quelconque et il est prêt à coopérer à l'aide que le médecin va lui offrir. Même si le patient se rend compte de sa situation, comprend ce qu'on lui dit et peut porter un jugement, on s'attend surtout à ce qu'il obéisse, suive les conseils qu'on lui donne.
Le prototype de la relation est celui d'un enfant avec ses parents.
Cela comporte naturellement des dangers d'abus de pouvoir.
Certains soulignent la complémentarité ou la complicité du patient dans la répartition des rôles car il se présente en disant à peu près ceci: « Docteur, vous savez le mieux ce qui me convient, faites selon votre opinion ».

3. Le type participation mutuelle

Dans la situation médicale, ce modèle s'observe surtout dans les maladies chroniques et dans la phase de réadaptation, ainsi que dans tous les états où le patient peut prendre en charge et assumer son traitement. Ces situations sont de plus en plus fréquentes.
Dans ces cas, l'expérience propre du patient devient un élément capital de l'approche thérapeutique.
De plus, une bonne partie du programme thérapeutique est exécutée par le patient lui-même et devient sa responsabilité. D'une façon schématique, on peut dire ici que le médecin aide le patient à s'aider lui-même.
Le prototype de cette relation ne se trouve plus dans une relation entre le parent et son enfant à quelqu'étape que ce soit, mais dans une relation entre 2 adultes.
On conçoit bien que certains modèles s'ils peuvent se justifier dans des circonstances extrêmes, nuisent à une relation de qualité.

Pourquoi est-ce important que cette relation soit de qualité ?

On constate que lorsque la relation est déséquilibrée, un type de savoir est valorisé. Le savoir scientifique du médecin.
On oublie souvent le savoir du patient.

Une meilleure relation ne peut qu'améliorer la communication entre le soignant et le soigné et permettre notamment au patient

  • d'exprimer ses plaintes ;
  • de poser ses questions ;
  • d'oser dire qu'il n'a pas compris ;
  • de demander des informations complémentaires au médecin (attention au jargon !) ;
  • de négocier le traitement : ce qu'il a eu comme problème similaire, ce qui a marché ou échoué, médicaments et effets secondaires ;
  • de suivre le traitement prescrit ;
  • d'être attentif aux effets du traitement et en faire part au médecin (quels problèmes il rencontre).

Pour le patient comme pour le médecin, on peut s'attendre à

  • un meilleur diagnostic : cela permet d'être sûr que le médecin comprend ce qu'il ressent, tient compte de ses particularités ;
  • un meilleur traitement, plus efficace et bien adapté : cela permet de mieux comprendre comment se soigner : médicaments, comportements, soins ;
  • une relation plus humaine ;
  • moins d'erreurs médicales : l'étude des erreurs médicales montre que beaucoup de ces erreurs trouvent leur origine dans les problèmes de communication : manque d'écoute du patient, problèmes ignorés ou mal définis, manque de compréhension de la conduite à tenir.

Que proposer ?

Il est bien montré qu'au plus le médecin s'investit au niveau information du patient, négociation et adaptation des traitements, écoute des réponses émotionnelles du patient, meilleure et croissante sera la motivation du patient, et meilleur sera le résultat thérapeutique global.

Les recommandations sont :

  • d'améliorer la relation
  • de prendre le temps
  • de multiplier les espaces de communication
  • de donner l'occasion de s'exprimer, se confier, parler ...